Cellule 211
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Date de sortie : 4 août 2010
Support : DVD
Genre : Thriller
Réalisateur : Daniel Monzon
Acteur(s) : Luis Tosar, Alberto Ammann, Antonio Resines
Synopsis :
Soucieux de faire bonne impression, Juan débute un jour plus tôt son nouveau travail dans une prison de haute sécurité. Mauvais timing ! À peine arrivé, il se retrouve au cœur d'une émeute. Personne ne le connaît et le hasard va lui permettre de se faire passer pour un prisonnier. Il peut ainsi approcher le leader de l'insurrection. Quand des membres de l'ETA sont retenus en otage, l'affaire prend un tour politique et le gouvernement s'en mêle.
Critiques : 
Enorme succès populaire en Espagne, ou il a reçu une pluie de récompenses dont une razzia aux Goya, Cellule 211 confirme de nouveau la bonne tenue du cinéma ibérique. Alors que Juan vient visiter la prison de haute sécurité dans laquelle il va travailler en tant que gardien, il se retrouve au milieu d'une mutinerie organisée et va devoir se faire passer pour un taulard s'il veut vivre au milieu de cette prison occupée. Mais la situation va se compliquer...
Quelque part entre la troisième saison de 24, Le Général Della Rovere de Rossellini et Mission Alcatraz 2, Cellule 211 exploite toute l'adrénaline d'un pitch excitant entre infiltration, évasion et immersion. Bien entendu, le suspense fonctionne du tonnerre pendant presque deux heures, atteignant son apogée dans quelques grandes séquences saisissantes même si pas nouvelles (les scènes obligées du genre infiltration, qui se jouent souvent sur de petits détails). C'est nerveux, plein de rebondissements (pas toujours crédibles, mais qu'importe) et de nombreuses pistes, ça va crescendo en intensité et ça ne se termine pas forcément comme on l'avait prévu. Les émeutes ont lieu dedans, mais aussi dehors, et le combat entre les taulards dedans et les flics dehors est palpitant, dans la grande tradition des films de prises d’otages post-Un Après-midi de chien puis post-Die Hard. Tout ici est question de rapports de force inversés. Dans cette intrigue qui avance très vite en dépit des invraisemblances, le récit est surtout conduit par les relations tendues entre de dangereux prisonniers qui n'ont rien à perdre et un jeune maton qui fait tâche parmi eux mais doit quand même s'intégrer et devenir comme eux. Le héros, surnomé « Calbute » depuis une mémorable scène d'humiliation (encore qu'elle indique qu'il est plus que bien membré), fait bien entendu ami-ami avec le leader charismatique de l’insurrection, jusqu'à devenir son principal lieutenant après avoir fait ses preuves (de confiance), et comme dans tout bon récit d'infiltration le personnage devient ainsi ambigu (on finit par ne plus trop savoir de quel coté il est).
La mise en scène, intuitive, perd en ampleur (dommage, pour un tel sujet, et ça manque d'un format 2.35) ce qu’elle gagne en nervosité (heureusement, pour un tel sujet), dopée par l’utilisation des caméras de surveillance et par un montage alternant les points de vue. Dommage que l'efficacité linéaire du récit soit amoindrie par des flashbacks et flashforwards inutiles, que la justification du titre soit très secondaire (l’histoire de la cellule 211), que l'intervention de la femme du héros ne sonne pas très juste et que le film prend une dimension politique assez opportuniste (les terroristes basques de l’ETA pris en otage, les émeutes qui s'étendent jusqu'à l'international, les revendications de Juan sur de meilleures conditions de vie en prison, la violence policière...) ; c’est là que l’envergure du projet se casse la gueule, lorsque le réalisateur Daniel Monzón, encore novice (on lui doit The Kovac Box avec Timothy Hutton), s’éloigne de son oppressant cadre carcéral. On loupe ainsi de peu une expérience-choc, mais pas un divertissement très prenant digne d’une production hollywoodienne agrémentée d’une rugosité très européenne. Non sans rappeler également les séries carcérales (Prison Break, Oz, etc.), notamment dans sa forme précipitée et malléable (avec tout de même plus de plans larges), Cellule 211 est un thriller carcéral noir, redoutable et plus spectaculaire (mais moins réaliste) que nos français Dog Pound ou Un Prophète.
Enfin, Cellule 211 respecte une règle essentielle du genre puisqu’il est peuplé de pures gueules de taulards (certains sont vraiment effrayants, par exemple le molosse demeuré ou Apache, joué par l'excellent Carlos Bardem, Moisés Guevara dans le Che de Soderbergh), menés par l’impressionnant Luis Tosar (le puissant trafiquant du Miami Vice de Michael Mann, déjà dirigé par Daniel Monzón dans Le Cœur du guerrier), dont le timbre de voix rocailleux ferait presque trembler les murs autant que la musique pulsative. Face à ce personnage fort et imposant, véritable figure du film, le héros apparait d’abord un peu fade (d’où les doutes des autres taulards) avant de gagner en charisme et de devenir plus crédible en prisonnier qu'en gardien. Peu présente dans l'intrigue, Marta Etura, seule figure féminine dans ce bain de sueur et de testostéronnes, ne mérite pas son Goya.
Jonathan Charpigny