THE CANYONS, LA CRITIQUE DE JONATHAN

THE CANYONS, LA CRITIQUE DE JONATHAN

Réalisé deux ans avant sa sortie en France et se trainant une réputation désastreuse (bide commercial et critique, promo sabordée, sortie en catimini...), autant que celle de son actrice principale alors personna non grata à Hollywood (d’où sa présence ici), "The Canyons" est pourtant franchement intéressant. La rencontre entre Paul Schrader, Bret Easton Ellis (ici scénariste) et la star déchue Lindsay Lohan donne forcément quelque chose de peu conventionnel à l’écran. "The Canyons", c’est Paul Schrader qui filme du Bret Easton Ellis dans un Los Angeles chic et ennuyeux. Plutôt amusant de voir Schrader, réputé pour être avant tout un grand scénariste (pour Sydney Pollack, Martin Scorsese, Peter Weir ou Brian De Palma), laisser la place de scénariste à un auteur important comme Bret Easton Ellis ("American Psycho", "Lunar Park", "Les Lois de l'attraction") et se contenter de mettre en scène le script, qui reste évidemment proche de son univers, comme c’était déjà le cas avec Harold Pinter sur "Étrange Séduction". Dans la forme, c’est du pur Schrader : esthétique crue un peu fauchée (c’est une toute petite production), photo soignée, atmosphère eighties (sur bande-son électro envoutante), mise en scène sèche et épurée, décors urbains froids et déshumanisés…Dans le fond, c’est bien du Bret Easton Ellis, avec ses trentenaires friqués qui s’ennuient profondément et se manipulent jusqu’à sombrer dans le vice, le crime et le fait divers sordide. Le tout se déroulant dans le milieu du cinéma, dont on ne voit pas grand-chose. L’association Schrader + Ellis fait forcément dans le cynisme méchant. A vrai dire, ça ressemble un peu à du Abel Ferrara et à du William Friedkin. C’est certes très bavard et pas toujours bien joué (l’acteur principal Nolan Gerard Funk est très mauvais), mais il y a en sourdine une réflexion particulièrement bien sentie sur ce que devient l’industrie du cinéma. S’ouvrant sur des façades de cinémas abandonnés (superbe générique de début), "The Canyons" insinue que le cinéma meurt car il n’y a plus de passion chez ceux qui le font, plus de passion, plus de discours, plus de fond. Sans passion, plus de cinéma. C'est d'autant plus pertinent de la part de quelqu'un comme Paul Schrader. En filigrane, c’est le cinéma qui est assassiné par les protagonistes de "The Canyons". La ville d’Hollywood y est décrite comme morte et ses habitants ne sont plus que des fantômes. Le fait que les dialogues sonnent faux et que les personnages semblent très froids et désincarnés, presque comme des machines (difficile d'avoir de l'empathie pour eux), accentue finalement le propos du film, qui verse d'ailleurs volontairement dans la parodie (forcément méchante) du mélo hollywoodien et de la sitcom américaine. Avec ce thriller érotique sulfureux, genre qu’il avait déjà plus ou moins abordé dans "American Gigolo", "La Féline" ou "Étrange Séduction", Paul Schrader en profite aussi pour traiter à nouveau le sujet du voyeurisme sordide, des pulsions sexuelles, de l'addiction destructrice et de la débauche, Lindsay Lohan et James Deen se livrant à des orgies en tous genres, l’occasion pour eux de se dénuder dans quelques séquences gentiment hot. D’ailleurs il s’agit là de deux excellentes idées de casting : Lindsay Lohan parfaitement exploitée par un Schrader qui se fout ouvertement de sa gueule (le bonhomme ne loupe d’ailleurs jamais une occasion de la tacler lorsqu'il est interrogé, elle qui a d’ailleurs refusé d’assurer la promotion du film aux États-Unis), et James Deen, star du X et sosie de James Franco, et dont le rôle fait ici écho à ses personnages de tueurs/violeurs sadiques dans les pornos féminins qui ont fait sa notoriété (la scène du meurtre est un clin d’œil évident). Le couple fonctionne bien, les deux sont délicieusement pervers et judicieusement employés, là où les autres acteurs sont assez mauvais. A noter un petit rôle de psy pour Gus Van Sant. L'atmosphère est donc assez séduisante et le propos suffisamment intéressant pour passer outre les défauts de ce "The Canyons" à la fois sincère et racoleur sur la contre-culture américaine et contre le système hollywoodien. Il pouvait difficilement en être autrement d'un film de Paul Schrader écrit par Bret Easton Ellis, deux électrons libres et deux icônes marginales, rebelles voire même punk qui dépeignent une Amérique autodestructrice.


 





 



Publié le 06 juillet 2022 Facebook Twitter

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