LONGS-METRAGES COSTA-GRAVAS

LONGS-METRAGES COSTA-GRAVAS

Revenons sur les deux premiers long-métrages de Costa-Gavras, réédités en DVD et Blu-ray il n'y a pas très longtemps alors qu'ils étaient auparavant très difficiles à trouver. Pour son premier film en 1965, grâce à son expérience d’assistant-réalisateur chevronné au cours de laquelle il s’est constitué un prestigieux carnet d'adresses (normal, quand on bosse pour René Clément, Jean Becker, Jacques Demy ou Henri Verneuil), Costa-Gavras se paye le luxe d’adapter un roman de Sébastien Japrisot avec un casting incroyable : Yves Montand, Jacques Perrin, Catherine Allégret (son premier rôle), Simone Signoret, Claude Mann, Michel Piccoli, Charles Denner, Pierre Mondy, Pascale Roberts, Jean-Louis Trintignant, Bernadette Lafont, et je parle même pas des petits rôles et apparitions amicales. Tous ont leur temps de présence à l’écran, chacun à son moment mémorable. "Compartiment Tueurs" est un pur exercice de style, conçu sur une idée de whodunit à la Agatha Christie mais avec aussi un aspect polar, les flics enquêtant sur un meurtre dont les témoins, qui sont autant de suspects, vont être assassinés un par un. L’utilisation du noir et blanc, à une époque où la couleur était devenue la norme au cinéma, vient renforcer cet aspect référentiel de film noir et de série B à l’américaine, comme le fait Claude Sautet la même année avec "L’Arme à Gauche". Costa-Gavras conçoit un pur plaisir de cinéma : réalisation très novatrice dans son découpage, mise en scène brillante à la fois mobile et fluide, dialogues jouissifs (avec plein de punch-lines), étonnants numéros d’acteurs (Piccoli a un rôle particulièrement sale), nombreux rebondissements et rythme nerveux : ça n’arrête pas jusqu’à la délirante course-poursuite finale qui clôture une dernière partie incroyablement tendue (à partir du moment ou Perrin voit débarquer les deux tueurs, dans une séquence au cordeau). L’enquête est prenante et avance vite, le réalisateur parvenant à créer un sentiment d’urgence, de temps réel, de course contre la montre. De plus, Costa-Gavras gère à merveille la multiplicité des points de vue, ce qui apporte presque un coté film-chorale. Même les scènes dans le commissariat sont mouvementées (en ce sens ça anticipe sur les séries policières à venir), c‘est un vrai jeu de ping-pong, les répliques fusent, la caméra passe de l’un à l’autre sans coupure, tout est réglé au millimètre près dans un Paris réaliste de l’époque. Le tout avec un humour mordant voire satirique (c’est presque une étude de mœurs), une petite romance (le couple attachant formé par Jacques Perrin et Catherine Allégret, qui n’étaient pas encore très connus) et dans une bonne humeur communicative qui n’empêchent pas le suspense de fonctionner. C'est ce qui s'appelle un coup de maitre, pour un premier long-métrage. Pour son deuxième film après le succès international de son excellent "Compartiment Tueurs", Costa-Gavras bénéficiait toujours d’un casting 4 étoiles mais aussi d'un gros budget et d'un sujet plus ambitieux puisqu'il s'attaque cette fois au film de guerre période occupation allemande pendant la Seconde Guerre Mondiale. Avec "Un Homme de trop", le réalisateur plonge direct le spectateur dans le bain puisque le film s'ouvre sur une mission (un peu difficile à suivre ceci dit car de nuit et avec beaucoup de personnages à identifier) dans laquelle des résistants viennent libérer 12 prisonniers des mains des nazis. Ils y parviennent mais ils ramènent 13 prisonniers au lieu des 12 prévus. Qui est ce 13eme prisonnier, qui pourrait être un espion nazi ? Les soupçons se portent sur Michel Piccoli, qui comme dans "Compartiment Tueurs" a un rôle ingrat et parfaitement ambigu, pendant tout le film le cinéaste joue avec cette suspicion, chaque chose et chaque geste que fait le personnage sont sujet à caution. Autour de cet étrange individu que tout le monde appelle « le type », il y a le leader Bruno Cremer (toujours parfait dans ce genre de rôle), le maquisard parano et nerveux Jean-Claude Brialy, la jeune recrue Jacques Perrin, le compatissant Gérard Blain, le beauf obsédé Claude Brasseur, ainsi que Charles Vanel, Bernard Fresson, Med Hondo (qu’on reconnait à sa célèbre voix), Pierre Clementi, Michel Creton, François Perier... A côté de cette paranoïa sur ce « type », qui rappelle la mécanique whodunit de "Compartiment Tueurs" semant le trouble chez le spectateur et entre les personnages, Costa-Gavras élabore un vrai film de barbouzes, avec son casting charismatique, ses scènes de tension, sa reconstitution historique en décors naturels, ses quelques scènes d'action façon Medal of Honor (avec même des plans à la première personne) avec même un peu de "Saving Private Ryan" dans le final avec les tanks, les bazookas et cette poignée d'hommes face à une armée. "Un Homme de trop" anticipait même sur le génial "Quand les aigles attaquent", sorti l’année suivante, et s’impose avec le temps comme l’un des meilleurs films prenant pour héros des maquisards (citons aussi le superbe "L’Assaut des jeunes loups"). Le tout avec la réalisation encore une fois brillante et inventive de Costa-Gavras, bien plus ample que sur son précédent film, dans un superbe scope en Eastmancolor. Dommage que le film s'arrête en pleine action, dans un vertigineux travelling arrière. Mais quel spectacle ! Costa-Gavras aura ensuite la carrière et les classiques qu’on connait. Ces deux films sont à (re) découvrir chez JM Vidéo.


 



 





 


 


 



Publié le 15 mai 2022 Facebook Twitter

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