LE FLIC DE MIAMI, LA CRITIQUE DE JONATHAN

LE FLIC DE MIAMI, LA CRITIQUE DE JONATHAN


Le décès récent de Fred Ward est l’occasion de revenir sur ce film qui lui était cher. Le titre "Miami Blues" en VO est traduit en France par "Le Flic de Miami", un titre opportuniste qui surfait certes sur le succès des "Flic de Beverly Hills" (on y retrouve d’ailleurs le coté polar cool teinté d’humour sous les palmiers) mais qui n’est pas si bête puisqu’il désigne à la fois le vrai flic joué par Fred Ward et le faux flic joué par Alec Baldwin.

Le vrai héros du film est le charismatique Fred Ward, dans le rôle du flic Hoke Moseley, personnage crée par Charles Willeford (décédé pendant la production du film), héros de quatre de ses romans et campé par Paul Giamatti dans le feuilleton Hoke. On peut même apercevoir dans le film une photo de Willeford sur le bureau de Moseley au commissariat. L’acteur, également producteur ici, garde la classe dans ce rôle de héros à la fois cool, colérique et beauf, avec ses fausses dents et ses fringues de touriste. Un vrai détective de film noir, soit un sympathique loser. A noter que Fred Ward devait initialement interpréter le rôle du tueur quand Gene Hackman (qu’on retrouve dans les remerciements du générique de fin) devait avoir celui de Moseley, ce qui aurait certainement été parfait aussi.



Mais c’est bel et bien Alec Baldwin, bien qu’incarnant le bad guy, qui est le plus souvent à l’écran et qui est mis en avant dans la campagne promo, à une époque où il était la nouvelle coqueluche d’Hollywood. Il trouve sûrement là l’un de ses meilleurs rôles. A la fois séduisant et inquiétant, Baldwin jubile à camper ce psychopathe en apparence relax mais imprévisible, instable et complètement en roue libre, personnage ambigu et fascinant dont les motivations et le plan demeurent un mystère (« Je peux avoir ce que je veux, mais je ne sais pas ce que je veux ») et qui avance à bâtons rompus, laissant des morts sur son passage. Il ira jusqu’à voler l’insigne de Fred Ward et se faire passer pour un flic en faisant fuir les voleurs pour...voler leur butin. « Comme Robin des Bois » mais sans redistribuer le butin, donc plus proche d'un vautour que d'un héros des pauvres. Flippant et magnétique, l’acteur est bluffant tout en s’amusant avec ce rôle de criminel aussi sympathique que dangereux.



Baldwin se met en couple avec une pute naïve, qui va lui servir de couverture et lui donner des apparences d’american way of life parfois proches du pastiche (cf. les transitions kitsch très sictom). Sexy et touchante, dans un rôle moins ambigu que d’habitude puisqu’elle joue ici une gentille bimbo (« J’arrive pas à savoir si elle est stupide ou pas », dit un des flics) qui pense avoir trouvé l’homme de sa vie tout en se doutant bien qu’il est pas clair, Jennifer Jason Leigh livre elle aussi une belle prestation et forme avec Baldwin un couple électrique, glamour et décalé, dés leur première séquence (superbe) dans la chambre d'hôtel.



Brillamment interprétés, ces trois personnages font tout le charme de ce pur film noir mêlant cool-attitude, romantisme tordu, ironie grinçante et éclairs de violence (le passage de Baldwin chez la prêteur sur gages est mémorable), troussé avec savoir-faire et quelques belles idées de mise en scène par le discret George Armitage ("Tueurs à Gage" avec John Cusack, "La Grande Arnaque" avec Morgan Freeman) pour Orion Pictures qui dominait alors le cinéma burné d’Hollywood. On retrouve à la photo le grand Tak Fujimoto, qui l’année suivante éclairera le classique "Le Silence des Agneaux" de son ami Jonathan Demme (ils ont fait leurs armes ensemble chez Roger Corman), qu’on retrouve d’ailleurs ici à la production car Fred Ward, instigateur du projet, voulait initialement Jonathan Demme comme réalisateur, et c’est ce dernier qui a suggéré George Armitage sur ce poste ainsi qu’au scénario, laissant donc son fidèle chef opérateur Tak Fujimoto sur le coup ainsi qu’une bonne partie de son équipe habituelle (les producteurs, le monteur…) et plusieurs acteurs qui avaient déjà travaillé pour Demme (dont Baldwin qui jouait dans "Veuve mais pas trop").



Certains passages parviennent à être drôles tout en maintenant une réelle tension, par exemple quand Fred Ward s’invite à diner chez son suspect (qui a planqué un flingue...dans le frigo), ou quand Baldwin tente sa chance lorsqu’un braqueur fait irruption dans une supérette. "Le Flic de Miami" se laisse aussi aller à des dialogues improbables (on y cause bouffe) et à des dérapages d’humour noir (Baldwin spécialisé dans le meurtre par doigts cassés et qui finira avec des doigts coupés !), ce qui lui donne des airs de Tarantino avant l’heure (il y a fort à parier que le réalisateur de "Pulp Fiction", d’ailleurs fan de Charles Willeford, aime ce film).



Si "Miami Blues" privilégie la description psychologique des protagonistes (de là découle le suspense) aux scènes d’action (presque inexistante), dans une ville où tout est possible (on est presque ici dans le récit d'un fait divers sordide), il n’en reste pas moins rythmé et bourré d’énergie, notamment par la musique de Gary Chang (plutôt habitué aux séries B d'action) et le tube Spirit in the Sky de Norman Greenbaum qui ouvre et clôture le film avec panache. Et pour un polar des eighties (bien que sorti en 1990), "Miami Blues" n’a pas mal vieilli. Le DVD est dispo chez JM Vidéo pour vous en convaincre.



Jonathan de l'équipe JM Vidéo





Publié le 30 mai 2022 Facebook Twitter

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