Dispo chez JM Vidéo, "Synchronicity", petit film de hard-SF dont le modeste budget ne freine pas l'ambition (voyage dans le temps, univers parallèle, Big Crunch...) en dépit d'un décorum limité et assez pauvre (ceci dit la mise en scène ne manque pas d'idée, bien qu'étriquée dans des décors mornes). Mais le scénario très malin déploie ses nombreux rebondissements dans une ambiance rétro de néo film noir sur une bande-son synthwave envoûtante. Malmenant les figures du film noir (le jeune scientifique ambitieux et égocentrique, la femme fatale vénale, l'homme d'affaires arrogant et opportuniste) dans un imbroglio spatio-temporel, "Synchronicity" semble même sortir d'une autre époque.
S'il cache bien ses clins d'oeil aux classiques de la SF (à "Blade Runner" ou "Retour vers le futur" par exemple), le réalisateur de "The Signal" ne joue pas la carte de la référence pop ou de la citation geek et préfère essayer de se démarquer et de conserver son premier degré, sans pour autant manquer d'humour. Le récit démarre très (trop) vite et il faut bien suivre car l'intrigue est complexe et les dialogues exploitent un vocabulaire scientifique pointu, mais c'en devient jouissif lorsqu'on découvre les faces cachées et les enjeux de cette histoire vertigineuse et ludique. C'est un peu comme si le tandem Moorhead/Benson (qui ont d'ailleurs sorti un film intitulé "Synchronic") avait réalisé "Retour vers le futur" mais sans budget. Dans le genre SF complexe avec petit budget mais scénario malin, ça rappelle aussi "Prédestination" des frères Spierig.
Si certaines séquences émotions font mouche, l'histoire d'amour ne fonctionne pas vraiment mais ça peut aussi être justifié du fait qu'elle n'a pas encore eu lieu...ou qu'elle est déjà passée. Bref c'est captivant et très bien vu. Personne de connu au casting si ce n'est ce bon vieux Michael Ironside. 7/10